Carnet - 2 -
PRE enneigé parsemé du vert de l'herbe sous-jacente
et à sa lisière en pente
une fine, très fine bande de vert jaune intense
une ligne d'horizon courbe
l'azimut en attendant Vénus
M A C A D A M
attendre les neiges
attendre les pluies
sous la Croix du Noir
trouver l'autre parallèle.
Carnet - 3 -
Des flaques tellement grosses reflétant des ciels opaques
et noirs jusqu'à la Croix
La lumière était jaune et verte
de ce jaune et de ce vert des soirs venants
froids, humides, réjouissants.
Enfin prendre l'air - prendre l'air -
le posséder
mais l'alouette ne se laissera pas tromper
et sitôt le chien sifflé
l'on arrachera avant de rentrer
quelque fougère
pour se rappeler plus tard
le jaune et le vert
jeudi - novembre -
Carnet - 1 -
CHERCHER le troupeau en passant près des cairns
rappeler le chien
se rappeler
jeter de rage une pierre
assombrir son ombre en marchant.
Peu après, rencontrer une digitale
nue sous sa courbe
tige de vert dentelière
nuage bleu sous un ciel blanc
tirage en négatif sur bande argentique
POURPRE
Carnet - 4 -
Puisque nous n'aimons plus le bleu
prenons ces chemins d'alizarine
et en haut des falaises de grès
nous reprendrons nos racines
les arracheurs de garance
ont les genoux cagneux
souvent ils se blessent
et mentent
mais demain Lucrèce
ton heure aura sonné
et sur mes hématomes qui ne cessent
du rouge - du bleu -
du jaune pisseux légèrement cendré.
- De Loire au Rhin -
Carnet - 5 -
Elle était dans trois hivers
et deux étés
elle vit trois automnes
mais après deux printemps
et demi
elle a sauté
sans hématomes
sans blessures ni fractures
il riait
et l’autre se taisait.
Alors elle a sauté pour de bon
par-dessus les fleuves
en amont
des creux jaunes
vers les corridors bleus.
Les hématomes sont ainsi
ils virent toujours de couleur
presque sans douleur.
Un jour, elle a repris le chemin des bêtes
celui qui descend à tordre les pieds
qui passe devant la boutasse.
C’était pas boueux cette fois
l’herbe était verte
personne pour la manger
elle s’est arrêtée au saule
c’était pas la peine d’aller plus loin
après la colline, elle sait ce qu’il n’y a plus
ça remplit l’espace
ça remplit des feuilles blanches
de mousses, de tapis d'aiguilles
de lentilles d’eau diluées.
- de samedi à mardi -